Peux-tu te présenter ?

Je suis bénévole à Dom’Asile depuis 2013. Avant cela, j’étais bénévole au Secours Catholique, en charge du mécénat. J’ai vu circuler une annonce de Dom’Asile, qui recherchait des bénévoles pour le centre de Versailles, c’est comme ça que j’ai rejoins l’association. Le centre de Versailles accompagne 1800 domicilié.e.s, et on doit être une trentaine de bénévoles aujourd’hui. Au fil du temps, je suis devenu co-responsable d’équipe et j’ai commencé à m’impliquer au sein des réunions de coordination, puis du conseil d’administration, ensuite du bureau… on m’a proposé d’être Président en 2016, j’ai accepté ! Ce que j’apprécie le plus, ça reste l’expérience en tant que bénévole sur le terrain. L’accueil et le dialogue avec les personnes que l’on accompagne dans leurs démarches, c’est ce qui est le plus enrichissant à mes yeux. Quand on arrive à résoudre une difficulté, à s’assurer qu’une personne accède à ses droits, c’est très gratifiant ! Mon engagement sur le terrain fait totalement sens avec mes fonctions de Président : l’animation du réseau des bénévoles, la coordination des activités des centres et permanence, la réflexion sur le plaidoyer de Dom’asile; toujours en lien avec les membres du bureau et l’équipe salariée.

Depuis le 21 novembre 2020, Dom’Asile est officiellement une association autonome ! Que peux-tu dire de l’évolution de l’association durant ta présidence ?

C’est intéressant de se rendre compte de l’évolution des missions de Dom’Asile en termes de public accueilli à partir de 2015. Au moment de sa création, en 2004, Dom’Asile était une association dédiée à la domiciliation des demandeur·euse·s d’asile, qui à l’époque devaient obligatoirement avoir une adresse au moment du dépôt de leur demande d’asile. Accompagner les demandeurs d’asile était relativement simple en termes de droits sociaux. Depuis que l’on accompagne surtout les réfugié.e.s, ça s’est complexifié : à chaque droit est aussi rattaché une difficulté, et le situations sont très différentes d’une personne à une autre. L’accompagnement des personnes déboutées de l’asile est aussi un challenge, notamment en ce qui concerne les possibilités de régularisation.
Je suis assez confiant en l’avenir de Dom’Asile et à sa capacité de rebondir. Au cours de la réflexion menée au sein du réseau sur les enjeux de notre autonomisation – suite au retrait des associations fondatrices avec qui nous conservons toujours d’excellents liens – il est apparu clairement que les bénévoles étaient prêt.e.s à avancer en ce sens et s’en donner les moyens. L’Assemblée Générale Extraordinaire de ce mois-ci était l’étape qui officialisait le nouveau Dom’Asile ! En revanche, j’ai moins confiance en l’avenir des politiques migratoires européennes. Ce n’est pas rassurant de voir que le mot d’ordre est le renforcement de Frontex afin de faire en sorte que les personnes ne puissent plus entrer irrégulièrement sur le territoire européen pour demander l’asile. Le principe de non-refoulement est bafoué.


Qu’est-ce qui te rend fier de Dom’Asile ?

Sans hésiter, le dévouement des bénévoles. Ils et elles sont remarquables ! C’est vrai à Versailles, mais aussi dans les autres centres, quand je vois tout le temps consacré à la résolution des difficultés des personnes accompagnées, je trouve ça formidable.

Chaque mois, un.e bénévole ou une personne domiciliée dans un centre de Dom’Asile est mis à l’honneur !

Peux-tu te présenter ?


Je m’appelle Sasha, j’ai 34 ans et je suis bénévole aux Gobelins depuis un peu plus d’un an. Je suis russe, je suis arrivée en France en 2013 pour faire des études en anthropologie et langues étrangères. J’ai connu Dom’Asile par le biais d’une amie qui était elle-même bénévole. Avant, j’étais bénévole dans un centre d’hébergement d’urgence. La plupart des personnes étaient étrangères, j’étais donc familière avec la procédure de demande d’asile et les titre de séjour en général. Je connaissais aussi le principe de domiciliation, qui conditionne l’ouverture des droits, ça m’a donc tout de suite parlé !
Aux Gobelins, nous sommes une quinzaine de bénévoles et nous domicilions environ 600 personnes exilées. Il y a eu récemment un renouveau dans l’équipe de bénévoles, ça m’arrive donc durant certaines permanences de me retrouver parmi les plus ancien.nes (rire) C’est un petit défi pour moi, de passer de «l’observatrice » à celle qui transmet ce qu’on lui avait appris ! Je fais aussi partie de l’équipe du projet ILDA (Informations dans la Langue des Demandeurs d’Asile), j’ai aidé à la traduction en russe de vidéos sur la procédure d’asile. En dehors de ça, j’ai repris des études pour me reconvertir en assistante sociale. À l’université, j’avais eu l’occasion de faire un stage d’interprétariat dans un centre d’addictologie, ça a suscité en moi une nouvelle vocation ! Je fais beaucoup le lien entre les notions apprises à l’école et mon expérience sur le terrain avec Dom’Asile, qui m’aide à comprendre les situations des personnes. Il y a toujours une différence entre la théorie et la pratique.

Qu’est-ce qui te rend fière à Dom’Asile ?


L’organisation au sein de l’équipe ! La première fois que je me suis rendue au centre des Gobelins, ça m’a paru un peu chaotique ! (rire) Beaucoup de personnes étaient accueillies en même temps, je ne comprenais pas pourquoi certaines repartaient avec leur courriers alors que d’autres attendaient d’être reçues par des bénévoles… Mais j’ai très vite cerné l’organisation du centre et le rôle de chaque bénévole, entre ceux et celles qui distribuent le courrier, ou domicilient de nouvelles personnes, expliquent les courriers et aident à l’ouverture des droits, etc. Chacun.e à une compétence particulière qui se construit au fur-et-à mesure des permanences et tout le monde y trouve sa place, y compris nos domicilié.e.s, qui sont tous et toutes reçu.e.s et accompagné.e.s de manière personnalisée.

Peux-tu citer une personne inspirante ?


En 2016, j’ai participé à une conférence de Smain Laacher sur la notion du refuge et l’histoire des mouvements migratoires. Ça m’a beaucoup fait réfléchir à pourquoi les personnes partaient de leurs pays et sur la nécessité de les accueillir dignement. Je n’ai pas vécu le parcours d’exil, mon processus d’intégration en France était relativement simple, mais en tant que bénévole j’ai vu beaucoup de situations difficiles qui m’ont fait réaliser que le principe de «droits universels» était souvent bafoué.

Chaque mois, Dom’Asile met à l’honneur un·e bénévole ou une personne domiciliée dans l’un de ses centres. Découvrez ce mois-ci le portrait de Huguette Rondeau, bénévole et responsable du centre de Saint-Denis.

Peux-tu te présenter et nous dire comment tu as connu Dom’Asile ?

J’ai connu Dom’Asile au début des années 2000, par le biais du Secours Catholique, peu de temps après ma retraite. J’avais du temps de disponible, j’ai donc commencé à faire la distribution de petits-déjeuners avec le Secours Catholique. C’était à l’époque de la naissance de Dom’Asile, j’avais rencontrée la personne chargée de créer le centre de domiciliation à Saint Denis. J’ai commencé la distribution du courrier à ses côtés, j’étais donc là dès le début ! Aujourd’hui, le centre de Saint-Denis accueille environ 1000 personnes exilées et nous fonctionnons à plus d’une dizaine de bénévoles, dont la moitié sont engagé·e·s depuis un certain nombre d’années. Je n’étais pas particulièrement une militante de l’asile, je suis arrivée là un peu par hasard, car il y avait besoin de bénévoles. Je suis devenue militante petit-à-petit, en étant en contact avec les demandeurs et demandeurses d’asile sur le terrain et en participant aux formations. J’ai aussi siégé au CA pendant quelques temps ! À Saint-Denis, je m’occupais d’abord que de la distribution des courriers, puis j’ai appris au fur-à-mesure à accompagner les personnes, en remplissant avec elles les dossiers de demande d’AME (Aide Médicale d’État)… La coordination a été d’un grand soutien pour nous aider à nous familiariser avec les droits sociaux !

Qu’est-ce qui te rend fière à Dom’Asile ? 

Sans hésiter, c’est l’accueil inconditionnel des personnes exilées, quelque soit leurs situations.  On passe beaucoup de temps avec chaque personne accueillie, comme si elle était la seule, quand bien même il y en a 50 ! On sait écouter, comprendre, accompagner ou réorienter. On ne laisse pas tomber les personnes domiciliées chez nous, même lorsqu’elle sont déboutées de l’asile. Je suis aussi fière du fonctionnement de notre équipe. Chaque bénévole s’est spécialisé·e, selon ses envies et / ou compétences. J’aime beaucoup venir, la bonne entente entre les bénévoles et l’ambiance intergénérationnelle y sont pour beaucoup !

Peux-tu citer une personne inspirante à tes yeux ?

Difficile de n’en citer qu’une… C’est plutôt un ensemble de personnes qui m’ont inspiré… Des rencontres tout au long de ma vie de travail, syndicale puis le bénévolat au Secours Catholique et à Dom’Asile, où j’ai rencontré beaucoup de personnes engagées.